BECKER Léonard Nicolas - Comte de Mons - [1770 - 1840]

Ce général français est né à Obernheim. Becker prit part à la bataille de Wattignies, à la guerre de Saint-Domingue. Il fut nommé général de division après Austerlitz, comte d'Empire en 1807, grand officier de la Légion d'honneur à Essling. En 1815, il représenta le Puy-de-Dôme à la Chambre des députés et reçut du gouverne-ment provisoire la mission d'accompagner l'empereur jusqu'à Rochefort, et devint pair de France en 1819

BRUCK Richard François Philippe - [1729 - 1803]

Célèbre philologue né à Strasbourg, Bruck a commencé sa carrière comme commissaire aux guerres, mais l'exemple d'un professeur allemand de Giessen chez qui il avait été logé lui inspira une véritable passion pour la littérature grecque. Il ne se livra à cette étude qu'à l'âge de 30 ans. Persuadét que les traductions des poètes étaient "truffées" d'erreurs des copistes, il bouleversa les textes avec une audace quelque fois heureuse, du point de vue du goût et du sentiment, mais condamnable sous le rapport de la critique. Les services qu'il a rendus à la littérature grecque n'en sont pas moins immenses. Parmi ses travaux, on doit citer les Analecta veterum poetarum græcorum, en 1776, d'Apollonius de Rhodes, en 1780, d'Aristho-pane, en 1783 et principalement son Sophocle, en 1786, un vrai chef-dœuvre.

 

 

 

 

 

 

BUCER Martin - [1491 - 1551]

L'un des coopérateurs les plus zelés de Luther, naquit à Strasbourg, en 1491. Son nom était Kuhhorn, mot qui signifiait corne de vache en allemand et, suivant l'usage des érudits de son temps, il jugea plus approprié de le changer en Bucer, qui a la même signification mais, en grec. Il entra d'abord dans l'ordre des Dominicains, d'où il sortit en 1521, pour adhérer à la nouvelle Réforme, à la suite de plusieurs conférences qu'il eut à Worms avec Luther. Il devint l'apôtre particulier de Strasbourg où il exerça pendant vingt ans la double charge de ministre et de professeur de théologie. Ses succès ne furent pas les mêmes à Cologne, où l'archevêque Herman Wida l'avait appelé pour y introduire les nouvelles doctrines. L'opposition des chanoines le força a renoncer à son entreprise. C'était un prédicateur renommé, en dépit de son style pesant et brouillon, mais il en imposait par sa taille et par sa voix forte. Ses talents pour la controverse et pour la négociation lui firent jouer un rôle important dans son camp. Il était subtil, adroit, propre à « manier les esprits », modéré et « fin limier ». Ainsi chacun s'y retrouvait et ses principes souples pouvaient se prêter à tout. Il surpassait en distictions subtiles les scolastiques les plus raffinés, cherchant à mettre fin à tous les différends, et se piquant moins d'être fidèle que d'être conciliant. Bossuet l'appelait le grand architecte des subtilités, et lorsque Calvin voulait faire une comparaison sorte il disait, «Bucer même, n'a rien de si obscur, de si ambigu, de si tortueux». Ce caractère se manifesta dans toutes les affaires auxquelles il prit part. Député en 1529, pour les quatre villes de Strasbourg, de Menningen, de Landau et de Constance, aux conférences de Marbourg, convoquées par Philippe, landgrave de Hesse, pour trouver un moyen de conciliation entre Luther et Zwingle, il y déploya, dit Juste Jonas ; toutes les ruses d'un vrai renard, et contribua, en usant de quelques expressions ambigües, à l'espèce de trève éphémère qui y fut conclue. La division s'étant renouvelée aussitôt après, il dressa, au nom des quatre villes dont il avait la confiance, une confession de foi, où il biaisait sur l'article de la cène, cherchant un moyen terme entre les deux partis, mais sans pouvoir en satisfaire aucun. Une seconde formule, tout aussi équivoque et contradictoire, ne fit que produire une division de plus en Suisse, où les uns persistèrent dans la doctrine pure et simple de Zwingle, et les autres adoptèrent le système illusoire de Bucer. Les villes de Strasbourg, de Meinningen et de Landau, qui avaient choisi d'appliquer les principes prônés par Bucer, ne surent bientôt plus où donner de la tête, tant celui-ci finit par les embrouiller dans ses discours. Enfin, il imagina un nouveau projet d'adhésion, rédigé avec tant d'adresse que Luther et Mélanchthon le prirent pour une rétraction de la part des sacramentaires, alors que ceux-ci, en réalité, en donnant l'impresion de se rapprocher de la confession d'Augsbourg, ne faisaient que changer de langage mais sans pour autant changer de doctrine. C'est ce que produisit l'accord de Wittemberg, en 1536, aucours duquel les chefs des deux parties commémorent la Sainte Céne en commun, pour marquer la sincérité de leur réconciliation. mais malgré tous ses efforts, Bucer ne parvient pas à introduire sa formule dans les églises helvétiques, de sorte que l'accord de Wittemberg, qu'il considérait comme le chef d'œuvre de sa politique, n'était en réalité qu'un ouvrage de façade et de dissimulation. Il ne fut pas plus durable qu'il n'avait été sincère. L'esprit de tolérance qu'il professait n'alla pourtant pas jusqu'à le faire souscrire au fameux Interim de Charles-Quint. Cranmer l'appela, en 1549, en Angleterre, pour le charger d'enseigner la théologie. On dit qu'il suivit dans ses leçons les principes des sacramentaires, pour lesquels il avait toujours incliné, et auxquels il était revenu, lorsqu'il se vit éloigné de Luther. Néanmoins, dans l'épître dédicatoire de l'édition de ses Commentaires qu'il publia dans ce pays, il paraît moins zwinglien que dans ses autres épîtres mises en tête des éditions précédentes.

Bucer mourut le 27 février 1551, à Cambridge. Sous le règne de Mary, sa dépouille fut exhumée et jetée au feu. La reine Élisabeth I fit réhabiliter sa mémoire. Bucer laissa treize enfants de sa première femme, qu'il avait tirée du cloître pour l'épouser. Les uns prétendent qu'il mourut dans la profession du luthéranisme, les autres, dans celle du calvinisme. Calvin l'accusait d'avoir introduit en Angleterre un nouveau papisme, parce qu'il approuvait la hiérarchie de l'Église anglicane. Il reprochait de son côté à Calvin de ne juger les autres que selon sa passion. Bucer laissa apercevoir toute sa vie une grande hésitation entre le dogme des luthériens et celui des zwingliens. Le premier lui semblait trop donner à la réalité dont les conséquences l'effrayaient, et le dernier ne lui paraissait pas répondre aux idées de l'Écriture et de l'ancienne tradition impreignées dans nos esprits. Il soutenait, comme la plupart des protestants, que les péchés des fidèles n'excluent jamais du paradis, qu'il n'y a que le péché d'incrédulité qui soit puni de la damnation éternelle. Ce paradoxe est une suite naturelle du dogme qui assure que seule la foi justifie, et que cette foi justifiante est inadmissible. Dans ses livres de controverse, il laisse parfois libre cours à son érudition, perd son sujet de vue, et oublie les divisions qu'il avait d'abord annoncées. Son style est un peu obscur, ce qui oblige à une grande concentration d'esprit. Le cardinal Contarini le considérait comme le plus redoutable contradicteur des hétérodoxes, mais comme il emploie souvent des termes nouveaux dont il ne connaissait pas lui-même le sens très clairement, il tombe quelque fois dans le galimatias.