KLÉBER Jean Baptiste - [1753 - 1800]

Ce célèbre général français est né à Stras-bourg. Il était le fils d'un ouvrier maçon. Deux gentilshommes bavarois lui donnèrent les moyens d'aller à Paris étudier les mathématiques et l'architecture, et le firent entrer comme élève à l'École militaire de München (Munich). Engagé au service de l'Autriche (Österreich), dans le régiment de Kaunitz, où il fut sous-lieutenant, en 1776, il donna sa démission en 1783, parce qu'il n'y avait d'avancement que pour les nobles. Il rentra en France, et obtint une place d'inspecteur des bâtiments publics à Belfort. En 1792, il partit comme volontaire, servit sous Custine, se fit remarquer pour sa rare bravoure et ses connaissances militaires, défendit Mainz (Mayence) en qualité d'adjudant général sous les ordres d'Aubert Dubayet, et se forgea sa réputation militaire dans ce poste, bien qu'il n'eût pu conserver la ville. Incarcéré après la reddition de la place, puis envoyé comme général de bri-gade en Vendée, il se distingua à Torfu où, avec 4 000 hommes, il résista à 20 000 Vendéens ; il décida de la victoire à Cholet, et, après une disgrâce momentanée, battit les Vendéens au Mans et à Savenay. Il aurait terminé la guerre civile, si on l'avait laissé libre d'administrer le pays comme il voulait, mais le Comité du salut public fit dresser les échafauds. Kléber manifesta son indignation, et fut rappelé. Cependant on avait besoin de ses talents militaires. En 1794, il fut nommé général de division et envoyé à l'armée du Nord, puis à celle de Sambre-et-Meuse. Il se couvrit de gloire à Fleurus, défit les ennemis à Marchiennes, prit Bergen (Mons), Leuven (Louvain) et Maastricht ou Maëstricht, et dirigea le blocus de Mayence pendant l'hiver. En 1795, il fit des prodiges à la tête d'une aile de l'armée de Jourdan, força le passage du Rhin, vainquit le prince de Württemberg à Alten-kirchen, le maréchal de Kray à Kaldieck, le général de Wartensleben à Friedberg. Ces succès allaient être couronnés par la chute de Frankfurt (Francfort), lorsqu'il tomba dans la disgrâce sous le Directoire, en 1797. Retiré à Strasbourg, il y travailla à ses Mémoires. Bonaparte, chargé de l'expédition d'Égypte, demanda le concours de Kléber, qui accepta. Il reçut un coup de feu à la tête à l'attaque d'Alexandrie (al-Iskandariyya). A peine guéri, il accompagna le général en chef en Syrie, se distinga brillamment à Jaffa, à Gaza, à Corsoum, au Mont-Thabor, à Aboukir. Bonaparte quittant l'Égypte, confia l'armée à Kléber. Celui-ci crut l'armée perdue, et consentit à la convention d'El-Arisch, pour ramener ses soldats en France ; mais l'amiral anglais Keith, ayant refusé de ratifier la convention dont on avait commencé l'application en livrant aux Turcs tous les forts de la Haute-Égypte, et exigeant que les Français se rendissent prison-niers de guerre, Kléber, indigné, mit à l'ordre du jour de l'armée la lettre de l'amiral, et la fit suivre de ces simples mots : "Soldats, à de telles insolences, on ne répond que par des victoires ; Préparez-vous à combattre." La bataille d'Héliopolis fut gagné par 10 000 Français contre 80 000 Turcs et, en moins d'un mois, la Haute-Égypte reconquise. Le vainqueur consoli-dait habilement son ouvrage, lorsqu'un musul-man fanatique, Süleyman, l'assassina au Caire (al-Qahira). L'éloge de Kléber fut prononcée en Égypte par Fourier ; à Paris, par Garat, sur la place des Victoires. Strasbourg lui a élevé une statue colossale en bronze, en 1840. Kléber fut véritablement un héros. Il était d'une taille élevée, avait un beau visage, où transparassaient la fierté de son âme et la noblesse de son caractère ; il était brave, audacieux et calme, et doté d'une intelligence prompte et sûre, et montra, en Égypte, qu'il savait, au besoin, joindre les talents d'administrateur à ceux de guerrier.